La prévention des risques psychosociaux dans les TPE-PME : interview de Jérôme Bouchet
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La prévention des risques psychosociaux dans les TPE-PME : interview de Jérôme Bouchet
Jérôme Bouchet, docteur en psychologie sociale et enseignant à Paris V, intervient dans le domaine de la prévention des RPS depuis plus de 15 ans. Après avoir occupé plusieurs postes de consultant à l’ARACT et au sein de cabinets privés en France et à l’étranger, il occupe aujourd’hui le poste de Directeur Général au sein du cabinet CATEIS. Jérôme nous donne son sentiment sur la prévention des risques psychosociaux dans les TPE et PME.
Bonjour Jérôme, les risques psychosociaux des TPE et PME sont-ils différents de ceux des grandes entreprises ?
Jérôme Bouchet : Si l’on met de côté les interventions liées au respect des obligations légales et au document unique, globalement lorsqu’une TPE ou PME fait appel à nos services, elle vient avec des problèmes similaires à ce que l’on peut rencontrer dans les grandes entreprises : des conflits relationnels le plus souvent ou des problèmes liés à l’évaluation de la charge de travail. On note toutefois que la temporalité est différente. Si dans certains grands groupes, un conflit relationnel peut mettre plusieurs années avant de remonter à la DRH, dans les TPE/PME l’information circule plus rapidement et les situations ont moins le temps de s’installer. Les TPE/PME souffrent également moins des difficultés provoquées par des décisions prises par des maisons mères situées à des milliers de kilomètres. Les décisions sont plus locales même si cela n’empêche pas de retrouver un écart entre les décisions stratégiques et la réalité du travail des collaborateurs.
Quels sont les difficultés pour prévenir les RPS dans les TPE/PME ?
J. B. : Les risques psychosociaux restent « un problème de riches » et ne trouvent pas toujours une oreille attentive dans l’ensemble des secteurs ; dans le Bâtiment par exemple, il est beaucoup plus compliqué d’aborder ces sujets pour des raisons de culture et d’identité.
Selon moi, la problématique est double. Premièrement, les dirigeants des TPE/PME sont plus difficiles à « atteindre ». Les outils classiques que nous utilisons pour sensibiliser les dirigeants ne trouvent pas le même écho dans ces catégories d’entreprise. Leurs dirigeants disposent de peu de temps pour se libérer et venir aux événements organisés en externe et ils attendent un retour sur investissement rapide, alors que les fruits de l’engagement dans une démarche RPS se récoltent plutôt à moyen terme. Deuxièmement, les TPE et PME n’ont pas les mêmes capacités financières que les grands groupes. Le coût d’une intervention d’un cabinet externe est souvent trop élevé pour ces entreprises et le modèle économique des cabinets de conseil ne permet pas de proposer des prix plus bas. Les entreprises doivent alors faire appel à des organismes publics comme l’ANACT ou les CARSAT et à des groupements de consultants indépendants.
Quelles seraient alors les solutions ?
J. B. : Il est intéressant d’observer ce qui est fait à l’étranger sur ce sujet. En Italie par exemple, l’approche est différente car elle ne se base pas sur le document unique comme c’est le cas en France mais sur un autodiagnostic réalisé par les dirigeants. Ce type d’approche laisse place à des biais évidents mais a le mérite d’élargir la problématique au simple respect des obligations légales. Les canadiens, eux, considèrent que le point d’entrée se situe aux niveaux des habitudes de vie. Ils proposent de commencer par un autodiagnostic sur les habitudes de vie pour ensuite remonter successivement vers la conciliation vie privé/vie professionnelle, les conditions de travail puis les pratiques de gestion.
Pour moi, la vraie solution consiste à investir en amont, dans les parcours de formation des dirigeants et des managers. Cela se fait de plus en plus mais les retombées sur le terrain ne seront pas immédiates. En attendant, il faut que de nouveaux acteurs s’emparent de ces sujets. Les mutuelles par exemple se positionnent de plus en plus sur ces sujets. Elles disposent des moyens suffisants et peuvent proposer des solutions innovantes.
Un rôle important pourrait être donné aux branches. A ma connaissance, il n’existe pas d’offres sectorielles sur les RPS comme il en existe pour la prévention de la santé. La connaissance des métiers au sein des branches pourrait être un atout majeur permettant le développement d’offres spécifiques. On pourrait également imaginer la mise en place de cursus de formation des managers d’une branche pour la prise en charge des RPS.
Afin de mettre en place des pratiques saines de management dans votre entreprise et ainsi prévenir des RPS, les Editions Tissot organisent une matinée sur le thème « Le manager acteur de santé au travail », animée par le Docteur Patrick LEGERON, grand spécialiste du stress et des RPS.
Bonjour Jérôme, les risques psychosociaux des TPE et PME sont-ils différents de ceux des grandes entreprises ?
Jérôme Bouchet : Si l’on met de côté les interventions liées au respect des obligations légales et au document unique, globalement lorsqu’une TPE ou PME fait appel à nos services, elle vient avec des problèmes similaires à ce que l’on peut rencontrer dans les grandes entreprises : des conflits relationnels le plus souvent ou des problèmes liés à l’évaluation de la charge de travail. On note toutefois que la temporalité est différente. Si dans certains grands groupes, un conflit relationnel peut mettre plusieurs années avant de remonter à la DRH, dans les TPE/PME l’information circule plus rapidement et les situations ont moins le temps de s’installer. Les TPE/PME souffrent également moins des difficultés provoquées par des décisions prises par des maisons mères situées à des milliers de kilomètres. Les décisions sont plus locales même si cela n’empêche pas de retrouver un écart entre les décisions stratégiques et la réalité du travail des collaborateurs.
Quels sont les difficultés pour prévenir les RPS dans les TPE/PME ?
J. B. : Les risques psychosociaux restent « un problème de riches » et ne trouvent pas toujours une oreille attentive dans l’ensemble des secteurs ; dans le Bâtiment par exemple, il est beaucoup plus compliqué d’aborder ces sujets pour des raisons de culture et d’identité.
Selon moi, la problématique est double. Premièrement, les dirigeants des TPE/PME sont plus difficiles à « atteindre ». Les outils classiques que nous utilisons pour sensibiliser les dirigeants ne trouvent pas le même écho dans ces catégories d’entreprise. Leurs dirigeants disposent de peu de temps pour se libérer et venir aux événements organisés en externe et ils attendent un retour sur investissement rapide, alors que les fruits de l’engagement dans une démarche RPS se récoltent plutôt à moyen terme. Deuxièmement, les TPE et PME n’ont pas les mêmes capacités financières que les grands groupes. Le coût d’une intervention d’un cabinet externe est souvent trop élevé pour ces entreprises et le modèle économique des cabinets de conseil ne permet pas de proposer des prix plus bas. Les entreprises doivent alors faire appel à des organismes publics comme l’ANACT ou les CARSAT et à des groupements de consultants indépendants.
Quelles seraient alors les solutions ?
J. B. : Il est intéressant d’observer ce qui est fait à l’étranger sur ce sujet. En Italie par exemple, l’approche est différente car elle ne se base pas sur le document unique comme c’est le cas en France mais sur un autodiagnostic réalisé par les dirigeants. Ce type d’approche laisse place à des biais évidents mais a le mérite d’élargir la problématique au simple respect des obligations légales. Les canadiens, eux, considèrent que le point d’entrée se situe aux niveaux des habitudes de vie. Ils proposent de commencer par un autodiagnostic sur les habitudes de vie pour ensuite remonter successivement vers la conciliation vie privé/vie professionnelle, les conditions de travail puis les pratiques de gestion.
Pour moi, la vraie solution consiste à investir en amont, dans les parcours de formation des dirigeants et des managers. Cela se fait de plus en plus mais les retombées sur le terrain ne seront pas immédiates. En attendant, il faut que de nouveaux acteurs s’emparent de ces sujets. Les mutuelles par exemple se positionnent de plus en plus sur ces sujets. Elles disposent des moyens suffisants et peuvent proposer des solutions innovantes.
Un rôle important pourrait être donné aux branches. A ma connaissance, il n’existe pas d’offres sectorielles sur les RPS comme il en existe pour la prévention de la santé. La connaissance des métiers au sein des branches pourrait être un atout majeur permettant le développement d’offres spécifiques. On pourrait également imaginer la mise en place de cursus de formation des managers d’une branche pour la prise en charge des RPS.
Afin de mettre en place des pratiques saines de management dans votre entreprise et ainsi prévenir des RPS, les Editions Tissot organisent une matinée sur le thème « Le manager acteur de santé au travail », animée par le Docteur Patrick LEGERON, grand spécialiste du stress et des RPS.
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